Contact : bruletgilles (chez) laposte.net
« Tu répareras les lumières » Léa (6 ans)


lundi 21 mars 2016

Verbe préféré (mésostiche)





E n toutes les saisons
e N toutes les occasions
il    S uffit de sa clé d'enfant
pli   O ns nos pauvres prétentions
esca  L adons sans gêne les nuages
ensol  E  illons! ensoleillons! ensoleillons!
l'human I  té doit être bleue comme sa terre
le blé s'é  L ever comme une table d'or
le poème il  L uminer l'obscurité
et tous les    E nfants parleraient l'oiseau
libéré libé        R  é libéré. 


Paru dans Drôles de poèmes (Albin Michel jeunesse)

mardi 8 mars 2016

L’hirondelle pourpre vole très haut dans le ciel



C'est étrange, cette chose qui m'est arrivée au départ de ce Paris-Toulouse. Dès que je me suis assis, j'ai eu une envie irrépressible d'écrire, me poussant même à kidnapper une nappe dans la voiture-bar du TGV parce que je n'avais pas de feuille. Je n'ai pas vu le temps passer dans cet intense moment d'écriture euphorique.
On peut penser à l'état d'excitation dont parle Tennessee Williams dans une de ses nouvelles dont le titre m'échappe. Je n'ai pas cherché à comprendre mais à décrire sans frein. Ça a donné cette sorte de haïbun qui est en tout cas d'un moment sincère.





                           L’hirondelle pourpre vole très haut dans le ciel

                                     
                                    
                                          notre T.G.V. démarre -
                                          en marche arrière
                                          jusqu’à Toulouse



Appuyée à l’oreille d’un siège, une jeune femme debout dans l’allée centrale. Ses cheveux, sur le front, en forme de main aux premières phalanges repliées, noirs comme la peau plumée des corneilles. Elle a un délicat grain de beauté à l’angle de l’œil gauche ; coccinelle morte, exhumée là en ex-voto ? Le buste est moulé dans un justaucorps, noir, aussi - Un cou blanc, dégagé, à enfouir mille petites bises partout - . Elle parle, parle à des assis invisibles. Heureusement, je ne l’entends pas. J’ai Tom (Waits) entre les deux oreilles qui me balade dans un superbe jardin de baobabs géants avec fontaines et grands oiseaux lents : All the world is green. C’est beau. Ça va bien à la demoiselle.



                                          le contrôleur
                                          avec son petit métier
                                          d’emmerdeur



Un voyageur passe, un nouveau-né en maillot rayé dans les bras. Chéri-Bibi ! Pour combien en a t-il pris celui-ci ? Ensuite, impudent comme Napoléon, un type épand son parfum de rat crevé dans le couloir. Puis, l’odeur de pisse des toilettes. Sièges déglingués. Sur cette ligne, les T.G.V. sont rafistolés comme des godillots de traîne-lattes ! J’avais tellement envie d’écrire ! D’un seul coup, why ? Mais j’avais rien pour. Je suis allé chourer des dessous de table en papier gluant (pour adhérer aux tablettes) à la voiture-bar. Et me sers du stylo de mon couteau Victorinox. De chouettes poteaux les couteaux Suisse. Fidèles comme des clébards. Le vieux, à côté, roupille, un sourire salace en travers des lèvres, la cravate au coin de la panse. Doit rêver à un beau c… Ça se voit. Il a une sacoche à ordinateur pour taper ces insignifiances qui finissent à l’égout. Tout termine à l’égout sauf… les yeux des fauvettes, le chant des chevreuils et… l’âme du Ginkgo Biloba.
Sa vie ça doit être ça à l’encravaté : rêver à un beau c… entre deux réunions à la con. Notre vie, en quelque sorte. On a quand même de la chance d’avoir un cerveau où l’on peut faire tout ce qu’on veut à l’intérieur sans que personne puisse venir y fourrer son nez. C’est ça qui nous sauve ou… parfois nous tue. Une femme - Reine de mes clés capitales - assise à ma gauche, près de la fenêtre, feuillette un magazine. En haut d’une page, tout à coup, ce titre magnifique : « L’hirondelle pourpre vole très haut dans le ciel ».
Le soleil de décembre vient papilloter de ses minuscules nageoires sur ma feuille.



                                         remontant
                                         la rivière des paysages
                                         notre T.G.V.



Un babil, puis, encore ce cri du bébé-hurleur-qui-préférerait-être-assis-dans-l’herbe-parmi-les-papillons (toujours fourni et inclus dans le prix du billet).
En somme, notre civilisation, à plus de 300 km/h, est égale à elle-même : hermétique à l’amour fou, à la fraternité flamboyante.
À moins que cette voix dans les haut-parleurs :
« Votre attention s’il vous plaît, des travaux en cours sur notre voie sont susceptibles de… »

vendredi 4 mars 2016

Un été à histoires

Une de mes nouvelles à paraître en mai dans un ouvrage collectif intitulé Un été à histoires. Il s'agit d'un texte court à la mémoire de l'homme le plus vrai qu'il m'ait été donné de rencontrer : Émile, mon cher voisin d'un hameau des Cévennes, berger et anarchiste, doué d'une liberté et d'un cœur rares. Hommage aussi à tous les adolescents atteints de timidité que la vie actuelle, pleine d’esbroufe, d'avidité et de tromperie malmène cruellement. Je suis bien honoré de figurer en compagnie de ces 12 autres plumes consommées (Agnès de Lestrade, Florence Thinard, Michel Piquemal, Daniel Lacotte, Claude Merle, Clotilde Bernos, Didier Bazy, Michel Lautru, Anne Loyer, Marc Baron, Hervé Mestron, Pierre Ducrozet) dont celle de Pierre Ducrozet qui sera, s'il ne l'est déjà, un des romanciers les plus importants de ces prochaines années.
Ce livre est à destination des enfants à partir de 10 ans jusqu'aux élèves de lycée. Il devrait faire les belles heures des CDI et de nombreuses médiathèques. A noter la très belle illustration de couverture réalisée par l'artiste italien : Allensandro Ferraro.

Un été à histoires à paraître en mai aux éditions Bulles de savon 14,50 euros.
Ouvrage que l'on peut déjà commander en librairie ou sur la toile.
http://www.editions-bullesdesavon.com/

samedi 20 février 2016

Salon du livre de Paris mars 2016

Si vous souhaitez me rencontrer, je serai au Salon du livre de Paris le samedi 19 mars, sur le stand des éditions L'iroli où je dédicacerai, à partir de 11h00 jusqu'à 17h00 :

Haïku, mon nounours
Haïkus d'enfant et de rainette
Cent haïkus pour la paix


gilles

vendredi 5 février 2016

raiforme de l'ortograffe, la chasse à courre des mots

On a tué l'oiseau du cout qui volait près du clocher du t comme un choucas d'église. On a amputé le bras de l'ognon qui sera maintenant vraiment triste à pleurer. Nos éminents linguistes et académiciens ne sont guère poètes et n'aiment pas les mots. Sinon ils ne leur feraient pas de mal. Et toute cette génération de nobles instituteurs qui tenaient plus à l’orthographe qu'à leur mère. Humiliée. Mais quelle importance puisque nous serons bientôt tous des cochons uniformes se vautrant dans la facilité et l'irrespect. Préférant les sauces Mac Do au miel de pommier, s'éclairant aux centrales nucléaires plutôt qu'au soleil ou au vent, gobant TF1 ou BFM TV plutôt que lisant Baudelaire.
Kaile tristaice !

mardi 2 février 2016

"Comme des rus" texte de gilles brulet lu par l'auteur


mon poète



Un de mes premiers texte de jeunesse que j'ai écrit après avoir vu cette terrible photo en noir et blanc d'un enfant dans un journal.


C’est un enfant d’amour chambre des cancéreux,
Face au miroir où mord la mort à pleine bouche.
Au ciel bleu de ses yeux l’oiseau blanc s’effarouche
Et son peigne inutile abîme un crâne affreux.


Pourtant nous inventions des jeux miraculeux,
Par les chemins de lune où la biche se couche
Nous ôtions aux talus leurs mûrons rince-bouche,
Puis nous musions dessous le chapiteau des cieux.


J’étais pour toi conteur, magicien ou manège,
Au milieu du désert un bonhomme de neige,
J’étais le fou de toi mon chevalier vainqueur.


Ne meurs pas mon héros, ne meurs pas mon poète,
Demande encore un jeu c’est Noël dans mon cœur,
À la barbe du sort jette un air de trompette !